Libertés publiques, mode d'emploi

Nicolas SARKOZY héritier de BONAPARTE ou de NAPOLEON III ?
A coup sà»r Nicolas SARKOZY préférerait figurer dans l'histoire en qualité d'héritier de BONAPARTE, comme le récent ouvrage d'Alain DUHAMEL voudrait nous le faire croire, plutôt qu'en qualité d'héritier de Napoléon III .
Pourtant, si sa taille ainsi que son amitié avec Christian CLAVIER interprète d'un film sur BONAPARTE peuvent faire naître des similitudes avec le 'petit caporal', les ressemblances avec NAPOLEON III, le Prince- président sont beaucoup plus flagrantes.

PETIT RAPPEL HISTORIQUE
Louis Napoléon  a 40 ans lorsqu'il accède au pouvoir et Sarkozy plus de 50 ans le jour de son élection, alors que Bonaparte est devenu premier consul à  30 ans.
Comme le futur Napoléon III, Sarkozy a « ramé » avant de s'imposer à  la tête du pays.
à€ deux reprises, le futur Napoléon III, en 1836 et en 1840, avait essayé sans succès, à  Strasbourg et à  Boulogne, de réveiller les sympathies du peuple français à  l'égard de Napoléon. Après la dernière tentative, il fut condamné par la cour des pairs et enfermé au chà¢teau de Ham, d'o๠il s'échappa en 1846. La révolution de Février 1848 ranima ses espérances. Une active propagande lui concilia de nombreux suffrages et le nom magique de Napoléon fit le reste. Il fut élu président de la république contre le général Cavaignac le 10 décembre 1848 par 5,4 millions de voix contre 1,4 millions au général.
Sarkozy quant à  lui, commença par miser sur le mauvais cheval en soutenant Balladur en 1995, ce qui entraîna pour lui une traversée du désert de plusieurs années, mais les mauvais résultats de la première mandature de Chirac obligea ce dernier à  solliciter à  nouveau sa participation, au point que Bernadette Chirac, personne très respectable au demeurant, se sentit obligée de lui déclarer publiquement après le référendum sur la constitution européenne : « heureusement qu'on vous a ».
Promu ainsi au rang de 'planche de salut', il s'empara du pouvoir d'abord à  l'UMP, puis tout à  fait légalement, comme le fit en 1848 son modèle -malgré-lui, le prince- président, à  la tête de l'Etat.
Jusque là  donc tout va bien, pour le modèle comme pour la copie.

LA SUITE DE L'HISTOIRE ET LES LIBERTES PUBLIQUES
La constitution de 1848 était mal ficelée, ce qui joua au profit du Prince président qui avait cet avantage d'être élu par des millions de suffrages. Il semblait représenter la nation tout entière, tandis que les députés ne représentaient chacun que quelques milliers de voix. Pendant l'année 1849 le Président et l'Assemblée s'entendirent pour restaurer l'ordre public, mais ensuite les choses se gà¢tèrent. Républicains et royalistes se chamaillèrent pendant que le Prince président voyageait à  travers la France pour exercer sur le bon peuple une influence en faisant tinter le nom de Napoléon. Une nouvelle loi électorale votée par l'Assemblée en mai 1850 raya 3 millions de voix du corps électoral alors que le président et l'Assemblée devaient être renouvelés à  la fin de l'année 1852.Le Président, fort de l'appui populaire que ses voyages lui avaient acquis, appuyé également par l'armée et la population parisienne, réclamait la restauration du suffrage universel. Mais aucune entente n'étant possible entre l'Assemblée et le Président, le coup d'état du 2 décembre 1851, tant honni par Victor Hugo, installa une présidence de 10 ans, prélude à  l'avènement de l'empire.
« Je suis sorti de la légalité, disait le Président, pour rentrer dans le droit. »
La Constitution nouvelle, publiée le 14 janvier 1852, sous des apparences libérales cachait l'omnipotence du Prince. Le chef de l'à‰tat était responsable et gouvernait avec des ministres qui dépendaient de lui seul.
Avant de mettre la Constitution en pratique, le Président, remania, pendant quatre mois, toute l'administration
La réorganisation de la garde nationale restreinte et mise à  la disposition du pouvoir, la presse replacée sous la juridiction des tribunaux correctionnels, l'autorité départementale concentrée entre les mains des préfets, la nomination des maires revendiquée par le gouvernement, furent les principaux traits de ce remaniement, conçu pour fortifier le pouvoir.
Après quelques péripéties, l'Empire fut solennellement proclamé le 2 décembre 1852

Quant à  la suite, nous espérons ne pas en avoir besoin pour comparer avec l'action de Sarkozy.
Un intéressant article trouvé sur le site de gauche. avenir décline les ressemblances entre les deux régimes dans tous les domaines.
Pour notre part, nous ne retiendrons que la partie « libertés publiques »
A la lecture des évènements qui se sont déroulés pendant la deuxième république et son renversement, on reconnaît une petite musique familière et des ressemblances étranges avec les premiers mois d'exercice du pouvoir de Sarkozy, par exemple :
- la manière de profiter de la dissension des adversaires (nous, les socialistes), pour gagner et s'imposer
- sa conviction que la loi constitutionnelle doit être réécrite par lui, en prenant prétexte d'avancées pour le renforcement du rôle du parlement, qu'on peut mettre en parallèle avec la façon dont le Prince président restaura le suffrage universel, avancée de façade sans aucune implication réelle pour les libertés
- son mode de gouvernement personnel avec des ministres lui rendant directement des comptes
- la réorganisation- fusion de la police et de la gendarmerie
- le remaniement des services de l'Administration et la tentative de réforme des collectivités territoriales (non encore aboutie)
- la mise sous tutelle rigoureuse des préfets avec mutation motivée par le fait du prince
- ses tentatives pour mettre les media sous tutelle, en particulier l'audio-visuel public
- la mise sous tutelle des juges  avec les injonctions continuelles au parquet et la volonté de supprimer le juge d'instruction

LES FAITS RECENTS D'ATTEINTES AUX LIBERTES PUBLIQUES
Les grands thèmes des atteintes aux libertés publiques étant définis, il nous reste à  illustrer par quelques exemples du 'vécu' des gens les faits qui ont récemment fortement choqué les Français :

Vittorio de Filippis raconte ses 5 heures de garde-à -vue dans le cadre d'une affaire qui l'oppose au fondateur de Free
La rédaction du Post le 28/11/2008,
Que s'est-il passé ?
"Vers 6h40, j'ai été réveillé par des coups frappés sur la porte d'entrée de ma maison", raconte le journaliste qui détaille heure par heure son interpellation à  son domicile, son arrestation devant son fils, son transfert au tribunal de grande instance de Paris, son placement en garde-à -vue et les heures passées dans une cellule du sous-sol du tribunal...
"On contrôle mon identité puis on m'emmène dans une pièce glauque, avec un comptoir en béton derrière lequel se trouvent 3 policiers dont un avec des gants", précise Vittorio de Filippis. Puis d'ajouter: "On me demande de vider mes poches, puis de me déshabiller. (...) Je me retrouve en slip devant eux, ils refouillent mes vêtements, puis me demandent de baisser mon slip, de me tourner et de tousser trois fois."
Mais pourquoi toute cette histoire ?
Il s'agit d'une mise en examen dans le cadre d'une affaire qui oppose Xavier Niel, fondateur de Free, au journal Libération. L'homme d'affaires a plusieurs fois attaqué le quotidien en diffamation après des articles évoquant ses démélés avec la justice.

Poursuites contre André Barthélemy : la solidarité n'est pas un délit
http://www.educationsansfrontieres.org/?article17543#sp17543
André Barthélemy, président de l'ONG Agir Ensemble pour les Droits de l'Homme et membre de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme de la République française (CNCDH), s'est opposé aux conditions d'expulsion de deux ressortissants congolais à  bord d'un vol Air France en partance pour Brazzaville (Congo), le 16 avril 2008.   
Il est poursuivi pour « incitation à  la rébellion » et « entrave à  la circulation d'un aéronef » et cité à  comparaître devant la 14ème chambre correctionnelle du Tribunal de Bobigny le 19 février 2009 à  13h00.

Gérard Filoche mis en examen dans l'exercice de ses fonctions (21 Janvier 2009)
 http://www.section-pcf-boissy.org/article-27225297.html
Accusé de «chantage» et d'« entrave au fonctionnement d'un comité d'établissement », le célèbre inspecteur du travail a été renvoyé en correctionnelle par le parquet de Paris. Multiforme, la répression sociale en France monte d'un cran.
Gérard Filoche est soupçonné d'avoir gêné le fonctionnement du CE de l'entreprise de cosmétiques Guinot à  Paris, qui devait statuer en juillet 2004 sur le licenciement d'une salariée protégée. La société avait déposé une plainte avec constitution de partie civile pour «chantage» à  son encontre.
Initialement placé sous le statut de témoin assisté, Gérard Filoche a finalement été mis en examen le 21 novembre par le juge Yves Madre, qui a ensuite mis un terme à  son enquête. Puis, mi-décembre, le parquet de Paris - nouveau bras armé du gouvernement - a requis son renvoi en correctionnelle.

Au tribunal pour avoir vendu l'Humanité-dimanche dans la rue !
(posté par Fred Gargaud) Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. I
l devra se présenter au tribunal le 18 février pour avoir vendu « l'Humanité Dimanche » au marché Dejean, dans le 18e arrondissement de Paris, o๠il est présent depuis vingt ans.
Lounis est là , comme chaque dimanche
« Toujours sur le terrain. Je suis admiratif de son engagement, avoue M. Geoffroy, le poissonnier du marché. Et puis il est prévenant, d'une grande gentillesse. Alors, qu'on vienne l'emmerder, c'est inadmissible ! » Le fait est qu'il a été interpellé sur ce marché en 2007 par la police pour « vente de marchandises dans un lieu public sans autorisation ». La marchandise en question, c'était l'« HD »
.. « Plusieurs fois déjà , des policiers étaient venus me chercher des histoires. à€ chaque fois, ils avaient abandonné parce que les gens autour réagissaient. Mais là , ils n'ont pas voulu céder. On était un mois et demi avant la présidentielle », explique Lounis. à€ la section du PCF à  laquelle il appartient, des camarades lui ont proposé de payer l'amende. Il a refusé : « Il faut se battre pour la liberté d'expression politique, particulièrement aujourd'hui. » Il passera donc devant les juges. « à‡a fait partie de la vie militante, prend-il avec philosophie. Quand on défend des valeurs très fortes, il faut s'attendre à  de vives confrontations. »

Mutation du préfet de la Manche et du directeur départemental de la sécurité publique.
(LE FIGARO.fr du 30/01/2009)
Après le préfet de la Manche, (c'est) au tour du directeur départemental de la sécurité publique du même département de subir la colère de l'Elysée. Philippe Bourgade, patron des forces de sécurité du département, a annoncé jeudi : « Mon directeur central m'a appelé hier soir pour me dire qu'il fallait que je sois remplacé, que je choisisse une autre affectation ». Une mutation inattendue, que toutes les sources proches de la préfecture imputent directement à  l'Elysée.
La visite de Nicolas Sarkozy à  Saint-Lô, le 12 janvier dernier, avait été perturbée par des manifestations, notamment d'enseignants, alors que le chef de l'Etat était venu présenter ses voux aux personnels de l'Education nationale. Le bain de foule prévu avait dà» être annulé. Huit manifestants avaient été blessés par la police, qui avait arrêté 5 personnes au total.
Cette manifestation a fortement irrité Nicolas Sarkozy, comme le raconte le député UMP de la Manche Philippe Gosselin : « il était très énervé d'entendre les manifestants le siffler. Il y a eu plus de monde qu'il n'en attendait à  la manifestation je crois, 3.000 manifestants à  Saint-Lô, ça ne s'est pas vu depuis 20 ou 30 ans ».Premier à  trinquer suite à  ces troubles : le préfet du département, Jean Charbonniaud. Après moins d'un an à  ce poste, il a été nommé mercredi en Conseil des ministres préfet hors cadre pour siéger comme membre du Conseil supérieur de l'administration territoriale de l'Etat. Un «placard», comme l'expliquent la plupart des élus du département. «C'est une sanction bien évidemment. Le préfet a été sanctionné parce que les manifestations à  Saint-Lô ont été importantes. Le président de la République y a pris ombrage», expliquait ainsi le député-maire PS de Caen, Philippe Duron, jeudi.

«Le fait du prince»
L'affaire a indigné jusqu'aux élus locaux de la majorité, comme le président UMP du conseil général et sénateur de la Manche Jean-François Legrand, qui trouve « parfaitement lamentable qu'on puisse utiliser un représentant de l'Etat comme si on utilisait un kleenex. C'est scandaleux. C'est une pratique d'un autre temps contreproductive d'un point de vue politique ». Et d'ajouter : « ce préfet est un très bon préfet qui n'a aucune responsabilité dans cette affaire ».Il semble que la colère de l'Elysée ne se soit pas apaisée après cette mutation. Jeudi, c'était donc au tour du directeur de la sécurité publique de payer pour les manifestations.

Avant le préfet et le directeur de la police de la Manche, il y a eu d'autres victimes de la colère de Sarkozy. Rappel. (article écrit par Sylvain Mouillard dans le journal « LIBERATION »)

Affaire Clavier
Dominique Rossi, le « premier flic de Corse », est viré pour sa gestion de l'intrusion de militants indépendantistes dans la propriété de Christian Clavier, à  Porto-Vecchio. L'acteur, ami intime de Nicolas Sarkozy, passe un coup de fil au Président, qui, selon un proche, « pète un plomb ». Muté à  l'IGPN (la police des polices), Dominique Rossi déclare quelques jours plus tard avoir « fait son boulot » et n'avoir « rien à  se reprocher ». L'opposition dénonce un « fait du Prince ».

Janvier 2008, un fonctionnaire pas assez zélé
Yannick Blanc, directeur de la police générale de la préfecture de police de Paris (DPGPP), est démis de ses fonctions et mis au placard le 16 janvier 2008. Il paye une interview accordée au «Monde» un an et demi auparavant, dans laquelle il contredisait les chiffres de régularisations du ministre de l'Intérieur Sarkozy. Le futur président lui avait alors infligé un démenti cinglant, affirmant que « tous ceux qui parlent de chiffres aujourd'hui parlent de sujets qu'ils ne connaissent pas ». A l'origine également de ce renvoi, des objectifs d'expulsions non tenus.

Juillet 2006, Genestar renvoyé pour une photo
Dans un autre registre, le licenciement d'Alain Genestar, directeur de la rédaction de Paris Match, témoigne aussi de l'interventionnisme parfois exacerbé de Nicolas Sarkozy. Dans son livre «Expulsion», Alain Genestar raconte comment la parution, en aoà»t 2005, d'une photo de Cécilia Sarkozy en compagnie de Richard Attias a provoqué la colère du ministre de l'Intérieur. Nicolas Sarkozy aurait alors, selon Genestar, décidé «
d'avoir sa tête ». Ses rapports avec Arnaud Lagardère, propriétaire de Paris Match et ami personnel, semblent avoir facilité les choses. Le 1er juillet 2006, Alain Genestar est licencié.


ET POUR TERMINER, PARLONS DES EXCES OSTENTATOIRES DE SARKOZY
(lors de ses déplacements en province et à  l'étranger) qui humilient les modestes citoyens que nous sommes :

En réaction à  l'article : Le patron de la police de la Manche muté comme son préfet
Les enfants mangent froid  ( lu sur le NET d'Orange vendredi 30 janvier 2009 )
Quand monsieur Sarkozy est venu à  Chateauroux, toutes les routes sur le passage de "son excellence " étaient bloquées, et des enfants ne pouvaient même pas rejoindre la cantine pour manger un repas chaud, ils ont été parqués dans un local et ils ont eu droit pour tout repas à  un sandwich,froid bien sur,il faut arrêter monsieur Sarkosy de vous prendre pour Dieu
Constatation personnelle à  l'occasion de la participation de Sarkozy à  un colloque à  l'université Paris Dauphine : Débauche de policiers et de matériel électronique postés à  l'entrée du bà¢timent dès le matin alors que la visite s'effectuait l'après midi...une fortune dépensée sans doute !
Sans même parler des voyages incessants (et souvent inutiles) à  l'étranger avec force déploiement de ministres, sous ministres, amis du président, journalistes...qui expliquent en partie que le budget de l'Elysée explose !

CONCLUSION
Citons  l'article de « gauche .avenir » écrit avant l'élection de 2007 :
« Le programme autoritaire de Sarkozy n'est, dans une certaine mesure, pas très éloigné de celui de l'Empereur. En effet,  sa politique vise à  la répression des classes « laborieuses » actuelles (immigrés, enfants d'immigrés, sans-papiers, ouvriers grévistes) assimilées à  des classes « dangereuses », à  la stigmatisation des jeunes des banlieues, à  l'accroissement du pouvoir des policiers et des préfets, à  l'expulsion des immigrés en situation irrégulière et de leurs enfants scolarisés, à  la restriction de la liberté de circulation des étrangers et à  la surveillance des Musulmans...
Nicolas Sarkozy défend une sorte de libéralisme autoritaire qui emprunte davantage aux valeurs napoléoniennes qu'aux valeurs authentiquement républicaines et démocratiques. Certes, le régime de Napoléon III n'était pas un régime fasciste, mais ne peut pas pour autant être qualifié de profondément républicain et démocratique : les sénateurs étaient nommés à  vie par le président, le président du Sénat nommé par l'Empereur, le président transformé en empereur héréditaire, les maires nommés par le préfet, le procureur général chargé d'envoyer des rapports sur l'état d'esprit de la population. Alors, pour les ardents défenseurs des droits de l'homme et du citoyen, la candidature Sarkozy devrait non seulement inquiéter, mais aussi mobiliser et unir  davantage l'ensemble des forces de gauche. »
Cet article, prémonitoire de ce que nous constatons aujourd'hui, devrait nous inciter à  redoubler de vigilance vis-à -vis des attaques sournoises et insidieuses contre les libertés publiques auxquelles nous assistons presque quotidiennement et l'exercice du pouvoir personnel d'un président imbu de sa personne

Sources :
1/Les éléments historiques relatifs à  Napoléon III proviennent de :
   L'Encyclopédie de L'Agora - 1998 - 2009
2/ « Gauche.avenir » article écrit par Dominique Baillet, lundi 25 juin 2007 13 :59

 

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to LinkedIn

Rechercher dans le site