Une municipalité en roue libre
Le vote du budget est un acte politique majeur pour la vie municipale.
Le budget traduit les orientations prises par la majorité qui dirige la ville, son degré de volontarisme dans l’investissement et dans l’action scolaire et sociale. Analyser le budget communal, c’est prendre le pouls politique d’une municipalité, évaluer son approche des besoins de la population et ses priorités.
Cet exercice d’analyse est douloureux pour notre ville : la gestion de la ville est en roue libre. Le budget 2011 sera la simple reconduction du budget 2010 pour les frais de fonctionnement et aucun investissement nouveau ne sera engagé. Pourquoi ce manque d’élan dans la gestion de la ville ? Est-ce dû à un état de fatigue de la majorité UMP comme le suggèrent en conseil municipal certains élus du centre ? Peut être, mais il y a d’autres raisons plus objectives qui expliquent cet immobilisme.
Tout d’abord, le cafouillage sur les recettes. La suppression de la taxe professionnelle a engendré une monstrueuse usine à gaz pour les finances des collectivités territoriales, dont nul ne sait, à commencer par le gouvernement lui-même, comment en sortir. Pour Sèvres, l’incertitude porte sur plusieurs centaines de milliers d’euros et pour la communauté GPSO sur plus de 10 millions. Seule certitude : ce sont les ménages qui paieront, tôt ou tard, les milliards d’euros de dégrèvement fiscal dont bénéficient les entreprises.
En deuxième lieu, ceux qui pointent l’inaction du maire doivent relire son programme électoral de 2008. Il n’y annonçait rien de nouveau, à part finir les chantiers déjà engagés ! Bien sûr, l’essentiel des décisions est désormais transféré à GPSO ; par ailleurs le Département gère le collège et une partie de la voirie en réfection. Mais ce n’est pas une excuse. Il y aurait tant à faire : pour l’amélioration énergétique des bâtiments, pour la sécurité des piétons, pour une vraie maison des jeunes ou pour un maillage efficace des transports en commun…
Mais le clé de tout n’est-elle pas que cette municipalité est de droite, ce qui explique ses choix ?
Cela veut dire privatisations, recul du service public, transfert d’une partie importante de l’action sociale aux associations dont l’action bénévole est donc plus que jamais irremplaçable. Certes, la ville n’est pas responsable de toutes les suppressions de services publics, le Département et l’Etat s’y emploient avec zèle. Certes, la ville subventionne les associations et s’en targue, mais pour certaines ces subventions sont menacées. Il serait même projeté de soumettre aux procédures des marchés publics les actions associatives en faveur de l’insertion. (Voir l’article sur l’association Espaces dans notre dernier numéro).
Or l’action associative ne peut, ni ne doit remplacer l’action publique. Sur la précarité, le mal-logement, la pénurie de médecins et de soins infirmiers et bien d’autres sujets de préoccupation des Sévriens, la municipalité semble en roue libre.