Refusons l'inacceptable
Dans son numéro du 2 septembre, Le Canard enchaîné signalait que, le 22 juin, la capitaine de police Estelle Tafanelli, qui dirigeait alors par intérim le commissariat de Sèvres, avait rappelé à l’ordre ses troupes. Elle se plaignait du « faible nombre d’interpellations pour infraction à la législation sur les étrangers » et leur demandait « de parvenir à 12 GAV [gardes à vue] pour ce motif avant le 30/06/09 ».
Depuis le 3 septembre, un nouveau commissaire est à la tête du commissariat. C’est à lui qu’a été adressée une vigoureuse lettre de protestation signée par un ensemble d’associations regroupé dans le Collectif Refusons
l’inacceptable, ainsi que plusieurs partis politiques dont le Parti socialiste. D’autre part, les conseillers municipaux socialistes de Sèvres, J. Blandin, C. Cyrot, F. Durdux, vont demander à rencontrer le commissaire.
Il faut savoir ce qu’est la politique gouvernementale d’expulsions : un quota annuel d’expulsions est fixé à l’avance, et il augmente d’année en année. Il y a eu 23 00 expulsions en 2007, 29799 en 2008. C’est absurde et révoltant, indigne du pays des droits de l’homme.
Et cela coûte cher. 67 millions déjà en 2005, selon M. de Villepin. Le coût humain, lui, est inestimable. Comme l’écrit la Cimade dans un livre paru en juin dernier, Politiques publiques et pratiques administratives. Etat des lieux 2009, « Le ministère, dans un exercice comptable tout aussi dramatique qu’absurde, oublie qu’une expulsion est avant tout une existence brisée » : mise en danger des personnes renvoyées dans des pays où elles sont gravement menacées, familles disloquées, enfants privés de leur père ou de leur mère, ou des deux.
La Cimade poursuit : « Dans les conclusions de son rapport publié au mois de novembre 2008, Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, souhaitait attirer l’attention des autorités françaises sur les risques associés à la détermination quantitative du nombre de migrants irréguliers à reconduire [et les inciter] à analyser les conséquences engendrées par ces objectifs chiffrés sur les méthodes d’interpellation et la pratique administrative». Manière détournée de dénoncer des méthodes policières brutales… Et la Cimade conclut sur la nécessité absolue d’« arrêter les quotas d’expulsions ».
Lire aussi la lettre des associations au Commissaire de police de Sèvres