La SEMI à bout de souffle: les chiffres parlent !
Dans le Sévrien du mois d’avril, le Directeur de La SEMI s’indigne de l’appréciation des élus socialistes sur le fonctionnement de la SEMI, la société d’économie mixte gérant le parc de logements sociaux de la Ville de Sèvres.
Pourtant notre position exposée dans le Sèvrien du mois de mars ne fait que synthétiser les éléments factuels de plusieurs rapports examinés lors des derniers conseils d’administration de la SEMI. Ceux-ci dressent un diagnostic complet de la situation, du fonctionnement et des dysfonctionnements de la SEMI. Ces rapports montrent aussi les limites des capacités d’action de notre société de gestion de logements sociaux. Ils fournissent tous les éléments nécessaires pour établir des plans de progrès ou des changements d’orientation indispensables dans plusieurs domaines. Nous pensons que les problématiques liées à la SEMI ne doivent être ni cachées ni étouffées.
Que sont ces problématiques ?
1 - En premier lieu, la situation financière : le rapport MIILOS (Mission Interministérielle d’Inspection du logement Social) de 2010 apporte une appréciation générale sur la situation financière en soulignant l’endettement très fort et l’absence totale de capacité d’autofinancement de la SEMI pour soutenir un développement du parc. La MIILOS a également relevé que les coûts de gestion par logement étaient en hausse constante depuis 2006 et qu’ils sont très supérieurs à la médiane régionale. La MIILOS en conclut que la SEMI pourrait utilement engager une réflexion sur l’adossement à une autre structure pour réduire ses coûts.
Un simple examen des comptes suffit pour se rendre compte du manque d’autofinancement de la SEMI pour laquelle, rappelons le, la ville a financé depuis trois ans la majeure partie du plan d’entretien courant des bâtiments. Le surcoût de gestion par logement évoqué plus haut ampute nécessairement la qualité de service pour les locataires. La conclusion à laquelle arrive la MIILOS était celle que nous avions exposée dans notre programme municipal et nous ne pouvons donc que l’approuver. Il est surprenant que la Direction de la SEMI s’en offusque.
2 - Ensuite la satisfaction des locataires : le deuxième document produit sur la SEMI est le rapport d’enquête de satisfaction des locataires réalisé en décembre 2010. Celui-ci est éloquent : 42% des locataires sont insatisfaits du fonctionnement de leur chauffage, plus de 40% insatisfaits de la qualité des interventions dans les parties communes, 44% insatisfaits des sanitaires de leur logement, 55% insatisfaits des délais d’intervention, et 74% insatisfaits du fonctionnement des ascenseurs ! Il n’y a pas de quoi pavoiser. Espérons que cette enquête aura permis à la Direction de la SEMI de prendre conscience des insuffisances notoires dans ces domaines et de travailler d’arrache pied pour y remédier. Il y va de la qualité de vie au quotidien des locataires. Ces problèmes ne doivent pas être dissimulés, notre rôle est d’en parler, de nous assurer qu’ils soient pris en compte et traités.
3 – La qualité du parc : le troisième document est le Plan Stratégique de Patrimoine de la SEMI. Celui-ci établit un diagnostic patrimonial du parc de la SEMI et définit des principes pour l’établissement d’une feuille de route stratégique bâtiment par bâtiment. En particulier ce plan stratégique recense la situation énergétique et émission GES (gaz à effets de serre) détaillée du parc, bâtiment par bâtiment. Le constat est sans appel : l’efficacité énergétique des bâtiments est mauvaise : 74% du patrimoine est directement concerné par le Grenelle de l’environnement et 53% du parc constitué de logements en classe E, F et G c'est-à-dire de qualité énergétique très mauvaise à déplorable.
Nous avons à plusieurs reprises alerté en conseil municipal sur la nécessité de construire un plan d’amélioration énergétique ambitieux et exemplaire. Ceci n’est pas seulement une nécessité écologique mais aussi un impératif économique. Le prix de l’énergie augmente violement chaque année et ampute de la même façon le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes. Il n’est pas possible de rester immobile devant cette situation. Malheureusement au manque de moyens économiques de la SEMI répond l’absence totale de volonté politique de la municipalité pour construire un vrai plan d’amélioration énergétique des bâtiments.
Et au-delà des enjeux du parc de logements de la ville de Sèvres, il faut comprendre que ces types de travaux représentent des emplois aujourd’hui pour des économies de demain, auxquels s’ajoutent des avantages induits pour la balance commerciale notre pays qui aurait à importer moins de gaz et de pétrole, et pour l’écologie de la planète avec moins de gaz à effet de serre émis. Il n’y a donc que des avantages à procéder à de telles opérations.
La conclusion est claire, la SEMI peine à bien remplir sa mission : sa petite taille, son manque d’autofinancement et le manque de volonté politique de la municipalité pour l’accompagner dans le développement qualitatif nécessaire du parc afin de répondre aux enjeux de demain appellent un changement d’orientation stratégique. La MIILOS l’a mis en évidence et recommande une réflexion sur ce sujet. C’est aussi notre point de vue. Et notre point de vue est aussi que à court terme, la qualité du service aux locataires doit progresser de façon significative.