Centre-ville : un autre projet est possible !

Intervention de Catherine Candelier, conseil municipal du 18 janvier 2024

Monsieur le maire, cher-es collègues,

Régulièrement Monsieur le maire vous affirmez que l’opposition municipale a refusé une recette de 34 millions par la cession des parts de la ville dans la SEMI Sèvres.

J’ai donc relu avec attention le procès-verbal de notre séance du 18 mai 2017 concernant cette cession. Aucun des intervenants n’y remet en question le principe de la vente, chacun rappelle que le périmètre de la SEMI ne lui permet pas d’envisager un développement ultérieur, que cela met en danger le bon entretien et la rénovation du parc de logements qu’elle gère et qu’il est donc de bonne gestion qu’un autre acteur prenne possession de ce parc.

Il est d’ailleurs rappelé lors de ce conseil que les oppositions diverses s’inquiètent depuis plusieurs années de la pérennité de l’outil SEM. A la question de savoir ce que la commune va faire avec les 34 millions ainsi récupérés, vous nous répondez qu’un comité de suivi stratégique sera mis en place. Bien entendu, vous en écartez l’opposition qui comme d’habitude ne semble pas être à la hauteur d’une réflexion stratégique. L’un des membres de votre majorité alerte dans le débat pour pointer le fait que le bailleur 3 F sera en position de quasi-monopole sur le parc social de la ville, une autre annonce s’abstenir par manque de vision sur le devenir des 34 millions. Au final, 3 abstentions : Mme Gallais, membre de votre majorité d’alors, Monsieur Durdux et moi-même, insatisfaits de votre réponse sur le devenir de cette recette extraordinaire. Et une non-participation au vote de Mme de Longevialle, au vu de ses responsabilités professionnelles. Je constate que les deux conseillers de votre majorité qui avaient émis des doutes ne sont plus conseillers municipaux aujourd’hui.

 

 

En revanche, votre opposition a survécu et est toujours présente dans ce conseil pour porter une voix différente parce que nous n’avons pas, avec les Sévriens et Sévriennes qui ont voté pour la liste Sèvres en transition en 2020, la même vision du devenir de notre ville. Et c’est là me semble-t-il l’essentiel.

Votre projet, Monsieur le marie, aboutit opérationnellement durant notre conseil de ce soir. C’est un peu l’acmé de vos deux mandats finalement.

Plusieurs remarques.

 

D’abord, cher-es collègues, l’organisation institutionnelle fait que GPSO prend la main sur l’aménagement. Aménagement délégué à une SPL. Tout est juridiquement juste. Nous aurons sans doute de loin en loin des nouvelles du projet, par le biais de communications que vous affectionnez particulièrement. Mais en gros c’est un peu la dernière fois où nous aborderons la question en conseil municipal. Bref, l’affaire est lancée mais sachez cher-es collègues que toutes les décisions majeures qui seront prises ne dépendront plus de cette assemblée.

 

Nous notons un grand absent dans le projet : le devenir du centre administratif. C’est le grand flou, l’impensé énorme. Pourtant c’est le bâtiment le plus visible du périmètre, celui dont il faudrait définir dès aujourd’hui l’usage futur pour visualiser le projet. Et dont la ville est pour mémoire propriétaire de 1000 m2. Au travers de la concession d’aménagement, votre majorité va confier à la SPL le soin de sans doute valoriser les lieux et vous n’aurez cher-es collègues aucun mot à dire.

Les objectifs que vous rappelez ce soir : renforcement du végétal et de la place de l’eau, espaces conviviaux et animés, mobilités douces. Ces objectifs, nous les partageons comme 99,99% de la population. Pour autant, le projet a évolué au fil du temps non pas avec les différentes phases de consultation, mais parce que des impossibilités techniques, juridiques ou financières vous ont contraint.

 

On ne déplace plus le commissariat, on ne transforme plus le rez-de-chaussée du centre administratif en marché, on ne crée plus de nouvelles places de stationnement en souterrain (et tant mieux), on ne construit plus des logements à la place du café de la mairie. En revanche, tout d’un coup, on supprime le pont du 8 mai 45 et on construit un marché en lieu et place du café et de la station-service.

 

La dernière phase de consultation avec les Sévriens et Sévriennes n’a pas été un plébiscite pour le projet présenté, c’est le moins que l’on puisse dire. Et il est réellement dommage que vous ne répondiez pas aux questions ou propositions qui ont été exposées par oral ou par écrit. Je pense notamment à l’idée de la transformation du pont en passerelle piétons et vélos. Détruire ce pont, Monsieur le maire, c’est détruire un lien physique entre les deux rives, et finalement, de façon très symbolique, c’est la rive droite de notre commune qui se coupe de la rive gauche.

 

Dès le début des réflexions, nous avons dit que le périmètre arrêté ne correspondait pas à un projet d’ensemble pour notre centre-ville, que nous estimons plus vaste que le seul îlot visé. Vous faites le même constat que nous sur les difficultés du commerce à Sèvres, mais sans réflexion et sans projet pour ceux qui sont en dehors du périmètre de la concession d’aménagement. Vous allez rajouter de nouvelles surfaces commerciales alors que celles qui existent déjà peinent à trouver preneurs sur un marché foncier trop cher. En témoignent les boutiques aujourd’hui vides ou en déshérence.

 

De notre point de vue, la reconstruction de la ville sur la ville doit d’abord s’intéresser à la réhabilitation, à la réutilisation des lieux existants. Toute la littérature spécialisée de ces dernières années en matière de commerce de centre-ville prône d’abord une requalification dans le tissu urbain existant et absolument pas la création de nouvelles surfaces. Dans le programme proposé, nous allons beaucoup détruire alors que nous aurions pu rénover, modifier les usages de certains espaces.

 

Hélas, la sobriété ne sera pas au rendez-vous de ce grand chantier, ni en termes de ressources naturelles, ni en termes de ressources financières. Sans parler du bilan carbone, parce que ce ne sont pas 2 ou 3 arbres et un miroir d’eau qui vont le rendre positif.

 

Le projet est aujourd’hui estimé à 40 millions HT, 48 millions TTC. Ce chiffrage n’inclut pas les plus de 6 millions en acquisition déjà dépensés par la commune. Au dernier compte administratif, la ligne opération centre-ville se situait à 20 millions d’euros. La programmation des dépenses dans le projet présenté est de 22 millions pour la ville. Gap de 2 millions déjà qu’il faudra prendre sur nos capacités d’autofinancement ou sur l’emprunt ou sur une nouvelle hausse de la taxe foncière dans les prochaines années. A la fin du chantier, estimé de façon optimiste à 2032, il y a fort à parier que la note sera augmentée d’une dizaine de millions.

Mais cela signifie aussi que les efforts d’investissement dont nous avons besoin pour rénover le patrimoine existant de la ville, pour le rendre accessible, pour économiser à la fois de l’énergie et de l’argent, seront forcément réduits au strict minimum dans les 10 prochaines années. Vous vous situez donc dans une parfaite continuité avec vous-même, Monsieur le maire.

 

Comme je l’indiquais tout à l’heure, l’affaire va être lancée, avec à la proue du paquebot une halle de marché ouverte 25 heures par semaine, censée être le moteur de la commercialité de la ville. Ce paquebot risque hélas de finir comme le Titanic.

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