Centre-ville : la population et ses besoins futurs n’ont pas été entendus
Intervention de Frédéric Puzin, conseil municipal du 18 janvier 2024
La consultation
Le projet vague actuel n’a rien à voir avec les présentations du passé. Le Centre administratif abritant le Marché, aberration évidente, abandonné, seul le terrain de la station-service restait disponible tant qu’on avait à tout prix décidé, non pas de rénover, mais de détruire.
On a pagayé entre plusieurs projets aussi vains les uns que les autres avec de très importantes évolutions car on s’aperçoit après coup que le commissariat ne bougera pas que le Centre administratif ne peut pas accueillir un marché, on glisse sur les 12 places de stationnement en surface occupées par le commissariat et absentes de tous les beaux visuels du nouveau projet.
Dans vos documents on appelle « jardins » des espaces bétonnés (Odic et terrasses)
L’ensemble de la soi-disant consultation est entaché d’irrégularités : particulièrement sur le fait qu’aucune analyse des contributions écrites des sévriens n’ait été produite.
La dernière réunion publique qui devait faire un point des contributions a vite dérapé en raison de la énième présentation du « projet » dans laquelle, dès le début de la réunion, on comprenait qu’aucune suggestion ou remarque de la consultation n’avait été reprise sinon une vague promesse de voir si un réseau de chaleur était possible.
Il n’a été fait aucune analyse de la consultation mais on a passé beaucoup de temps à visionner des témoignages de sévriens, choisis on ne sait trop comment, à qui on faisait découvrir le projet et qui donnaient un avis lapidaire après un court examen.
Surtout qu’on insistait pour redonner la parole à plusieurs d’entre eux pendant la réunion publique, le Maire se plaignant que ce soit toujours les mêmes qui viennent aux réunions. Les déroulés de ces réunions, confiés à des enseignes de communication, deviennent très pénibles.
Ceux qui viennent aux réunions sont ceux qui y consacrent du temps et des efforts de réflexion et d’analyse. Du coup, certains sont un peu critiques et n’ont pas la fraicheur du néophyte qui après un examen de quelques esquisses enjoint la commune de foncer sans s’embarrasser des critiques.
La qualité des contributions écrites est importante et on aimerait qu’elles soient traitées sérieusement et pas sous la forme de questions réponses mais au cours de réunions de débats réels, pouvant déboucher sur des changements.
Nous demandons leur communication car les commentaires des délibérations ne correspondent pas à ce que nous avons pu lire et imprimer des contributions des sévriens.
Les sévriens doivent être associés au projet dont le flou total ouvre la porte à n’importe quoi. La Ville ne semble plus à partir de ce soir en charge réelle de son devenir.
Nous demandons la constitution d’un conseil réunissant citoyens, associations, experts sous la forme d’un comité de suivi avec des réunions trimestrielles avec Ville, GPSO et SPL.
Il semblerait qu’une enquête publique soit nécessaire car « l’opération envisagée a pour conséquence de porter atteinte aux fonctions de desserte ou de circulation assurées par la voie » article L.131.4 du code de la voirie routière.
- Ce qu’est le Centre-Ville
Le centre-ville n’existe pas ou plus. Il a disparu avec la fermeture de la Brasserie du centre. Le point central de rencontre des sévriens était situé là.
Et le cœur de la Ville n’est pas situé uniquement rive-droite. Il y a une cohérence avec la rue Pierre Midrin notamment. Dans votre cœur de Ville, il n’y pas de poste, pas d’école. Il n’y a même pas la mairie. Le centre-ville c’est rive-gauche, rive-droite de Gabriel Péri à Lidl.
Le périmètre de réaménagement est crucial à la hauteur de la station BP jusqu’à la sortie de Sèvres sur Chaville. C’est un couloir des pollutions visuelles, olfactives, des mobilités contrariées.
La paupérisation du bâti, du commerce est évidente. On tombe dans la banlieue dégradée en descendant sur la RD910. Et ce n’est pas une opération très limitée qui va changer quoi que ce soit.
C’est l’héritage de l’autocrate peu éclairé qu’était monsieur Odic qui a sacrifié Sèvres aux appétits des ingénieurs des travaux publics, aux injonctions de l’Etat et aux exigences hygiénistes.
L’avenue de l’Europe est une saignée absurde et la principale priorité est de réparer le fossé entre les deux rives et donc en améliorer les passages.
Le premier point est bien évidemment de limiter à 20 kms/h la circulation entre Gabriel Péri et le Sel.
Le seul passage à bon niveau est la passerelle que vous voulez détruire. Il faut absolument la conserver en la rénovant. Elle rend des services éminents à la population. La plupart des sévriens sont interloqués par les motivations de sa destruction.
Les mobilités ne sont pas traitées. Personne ne semble prendre en compte les déclivités entre la RD et la Grande rue. Vous souvenez-vous ce qu’il faut gravir à pied dans le virage de la station BP ? J’imagine que vous saurez traiter les livraisons au marché tous les matins entre 7 à 8 heures 30, les camionnettes Grande rue. Vous avez aimé le Lidl, vous adorerez le nouveau marché.
C’est la Rive-Droite qui hausse le pont levis face à la rive-gauche. C’est une erreur symbolique, urbanistique et politique lourde. Les besoins du côté le plus populaire de Sèvres sont oubliés.
Le Marché et le Carrefour
Le dynamisme d’une ville ne passe pas essentiellement par ses « commerces ». De toutes façons, les commerces prévus en fond de « place, invisibles de la rue comme ceux au pied du nouveau marché seront des déserts.
On décide brusquement d’investir le point le plus pollué de toute la ville pour y installer un marché. Comme on manque de foncier, on détruit la passerelle en arguant « années 60 » et « voitures ». Les travaux sur la station BP laissent perplexes. Terrain pollué à toute proximité de l’église qui a eu bien des soucis de stabilité et on va creuser.
Le marché n’a pas besoin de se déplacer pour des millions d’euros. Il a été rénové, il n’y a pas si longtemps. Il a fait l’objet d’un concours d’architecture en 1979 avec 96 candidats, 20 dossiers retenus, de grands architectes ont postulé. Il a été gagné par Bernard Schoeller, l’architecte des piscines tournesol et de la tour Aquitaine à la Défense. L’enseigne géante en métal rouillé est une réalisation de votre majorité. L’absence de toute signalisation sur la RD910 est une réalisation de votre majorité. La dégradation des espaces publics est une réalisation de votre majorité. Le parking du marché est un abri pour les sans-abris, les accès parallèles sont d’une saleté repoussante. Vous avez laissé se dégrader ces espaces.
Un vrai concours d’urbanisme et d’architecture aurait comblé les sévriens. De même si vous aviez consulté la population sur les projets qui doivent être prioritaires sur l’ensemble de la ville. Le secteur visé est celui où le plus d’argent public a été déversé depuis plus de 60 ans.
Ouvert 25 heures par semaine en comptant le mardi jour cimetière. C’est un espace sans polyvalence. Son déplacement ne changera rien aux habitudes de consommation des sévriens qui n’ont d’ailleurs pas été mesurées et étudiées.
Vous parlez du commerce avec l’énergie d’un mantra qu’il faut toujours redynamiser. Le commerce est moribond et le restera longtemps tant que la Ville n’interviendra pas sur la propriété des locaux et donc sur les tarifs de locations.
Préemption des commerces abandonnés et arrêter de croire que la loi du marché économique règlera tout.
Certains se croient dans un « village ». Un village aujourd’hui n’a pas de poste, plus d’école, plus de commerces, plus de médecins, plus de services publics. Il faut avoir une politique volontariste et pas des amateurs de « promenades ».
C’est une absurdité économique que de céder de nouvelles surfaces de commerces alors qu’ils ferment partout ce que nous sommes bien en peine de leur permette de se maintenir.
Il faut rénover l’actuel marché, la structure existe, les espaces devant le commissariat peuvent être repris.
Il faut garder le Carrefour et en faire un lieu de rencontre, recyclage, café malheureusement absent depuis qu’une droite aveugle a laissé une banque s’installer à la place du café d’angle qui marquait le centre-ville symbolique de Sèvres. Une erreur majeure qu’on peut réparer aujourd’hui. Vous avez su faire construire un restaurant bar pour la bourgeoisie moyenne sur un parc, il serait temps de s’occuper d’une chalandise plus populaire.
En conclusion, on ne comprend pas votre projet, on sait que ce n’est pas celui qui aboutira et que les sévriens n’auront rien à y dire, conseil municipal compris. On peut profiter ensemble du temps long pour faire évoluer le centre de notre Ville.