Centre-ville : quel but social dans le projet ?

Intervention de Jean Duplex, conseil municipal du 18 janvier 2024

Vous nous soumettez un projet qui a des qualités esthétiques indéniables et qui répond à un besoin que j’aurai aimé soutenir mais qu’il me faut pourtant le challenger car :

- Vous n’avez pas dans les faits écouté la population

 

 

 

- Le financement est scandaleusement détourné de son origine sociale

- Le projet n’est ni vert ni vertueux et sans garantie de maîtrise

- Et le projet tel que présenté souffre d’un manque de sens.

 

Vous n’avez pas vraiment écouté. Vous avez répondu en commission préalable « j’ai entendu moins de béton, plus de vert ». Qui aurait pu vous dire « plus de béton et moins de vert » ? L’écoute, ce n’est pas avoir des idées même utiles et vérifier l’assentiment. C’est écouter les besoins et y répondre. Que pensent les personnes vivant à Danton ou aux Bruyères ? Dans ce à quoi j’ai assisté en réunions ou questionnaires, les questions étaient guidées. Quand il y a eu des alternatives proposées, elles n’était jamais fonctionnelles mais esthétiques. Rien n’a été fait pour créer les conditions d’une analyse des besoins. Quand il y a eu des demandes (maintien de la passerelle), elles n’ont pas fait d’un challenge concerté. Je n’ai pas entendu le mot « lycéens » dans les usagers de la passerelle. Avec ce projet et en termes d’écoute, j’ai l’impression d’une succession de rites obligés : il faut une concertation, donc on en fait une, il faut interroger, proposons deux alternatives sans grand enjeu… j’en veux pour preuve cette dernière commission de lundi surréaliste. Vous auriez pu nous écouter. Sans acrimonie, nous vous avons alerté sur les faiblesses de votre projet mais rien, pas une réunion, pas une écoute de vos conseillers.

Un financement détourné de son origine, un usage insuffisamment maîtrisé

Le financement vient de la vente de la Semi. C’est donc un usage détourné d’un fond social (SEMI) car rien dans votre projet n’est fléché spécifiquement les classes défavorisées. Comme d’habitude les pauvres auront les miettes d’une société de riches, c’est l’éternelle théorie du ruissellement. Maintenant vous confiez cette somme à GPSO et à SPL Val de Seine. A la question du contrôle par les citoyens, j’ai trouvé votre réponse inquiétante. Oui, nous revoterons l’acquisition du terrain BP mais ce n’est pas ça le contrôle citoyen. Notre premier risque, ce sont les dépassements budgétaires et le second l’ensemble des alternatives qu’il faudra trouver en cours de chantier pour rester dans le budget. L’un comme l’autre ne sont pas maitrisés par le contrat de délégation. Où est l’engagement de rester dans le budget ? La commune assumera toute dérive financière et le principe d’un comité de suivi annuel n’est pas du tout à la hauteur du sujet. Que notre alerte soit signifiée ici. Je pense donc aujourd’hui que les citoyens font un chèque en blanc à GPSO pour ce projet. Ce projet est beaucoup trop conséquent pour ce mode de pilotage.

Votre projet n’est ni vert ni vertueux. Votre obsession du vert est marquante mais si je voulais être caricatural je dirais que Ripolin faisait ça très bien avant vous. Le vert ça devrait surtout « être durable ». Tout dans ce projet vise le visible mais le fond « vert » manque. Vous me faites penser à ces élus qui coupent des arbres en disant « j’en replante ». Non le bilan n’est pas le même. Nous en avons eu un exemple avec le futur bâtiment qui abritera l’espace musical et que vous vantez d’exemplarité écologique (et qui a même reçu des trophées) surtout parce qu’il est bâti avec des matériaux bio sourcés. Ok mais l’architecte ne sait même pas comment il est chauffé et le bâtiment respectera la réglementation thermique (RT) 2012 qui est une règle d’avant les accords de Paris. La durabilité, c’est plus que le vert et c’est une approche globale, une approche holistique. Une approche « verte » commencerait par le chantier qui va durer 10 ans. Quelles sont les prescriptions socialement responsables ? Le chantier sera-t-il SPASER (Schéma de Promotion des Achats Socialement et Economiquement Responsable) ? Je n’ai rien vu. Au-delà du chantier, un chantier « vert », ce serait penser une ville résiliente et accueillante aux besoins humains et j’en arrive au dernier point.

Un projet qui manque de sens. Un cœur de ville se définit par rapport à la ville : ce n’est pas le cas. Aucune fonction dans la ville n’est adressée par votre projet si ce n’est d’être plus agréable à regarder. Même le déplacement du marché est un pari osé. Qui nous dit que cela va en accroître la valeur et qu’il sera plus fréquenté demain ? Allez voir le marché de Viroflay’, il est enfermé et bondé. Aucune question posée sur les fonctions attendues n’a eu de réponse « on verra plus tard ». Au moins quand vous faites un bar ou restaurant, on sait à quoi ça sert. Avant même le premier coup de pioche, votre projet souffre d’un manque de sens. Les ateliers auraient dû précéder le projet.

Le premier défi de notre ville qu’on habite les Bruyères, Croix Bosset, ou Danton, c’est la mobilité et en particulier à pied nord/sud ou est/ouest. Vous n’y répondez pas.  Même pas de piste cyclable en descente de ville d’Avray. En circulation douce, une passerelle revue serait bien utile. Le centre-ville, ce n’est pas que l’îlot central bordé de routes. Vous risquez d’aggraver le problème en supprimant la passerelle et créant un méga rond-point.

A plus long terme, les questions pour notre ville, c’est d’être un désert médical, c’est de ne pas avoir d’espace pour les jeunes, c’est l’absence de moment où la ville vit au rythme d’une fête et où l’on se croise, c’est l’absence de lieux ou un brassage social est favorisé, …vous n’y répondez pas non plus.

Votre cœur de Ville est surtout fait pour ceux qui ont déjà tout et qui en veulent plus. Donc votre projet n’est pas désagréable mais ça ne suffit pas. Donc non, ce n’est ni un projet pensé social ni un projet durable notamment du point de vue des finances donc vous n’aurez pas ma voix.

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to LinkedIn

Rechercher dans le site