Pour une Europe refondée
Après un mot d’accueil de Catherine Cyrot, secrétaire de section de Sèvres, et une mise en contexte par le secrétaire fédéral de l’Université permanente Michel Canet, Elisabeth Humbert-Dorfmüller, secrétaire fédérale déléguée pour l’International présente Pervenche Berès, députée européenne en charge de la coordination socialiste et démocrate du secteur économique au Parlement européen, qui connait bien Sèvres et les Sévriens pour y avoir été conseillère municipale.
Pourquoi une Europe refondée ? Parce que nous n’avons pas le choix, devant la contestation des élites et la montée du vote extrémiste, l’importance prise par les questions identitaires même dans les pays où il n’y a pas de problèmes économiques majeurs apparents (ex : Autriche, Grande-Bretagne). En France, le Front national arrive très largement en tête des élections européennes en 2014, avec 25,4% des voix, devant l'UMP (21,0%) et le PS (14,5%). Le scrutin européen, à la proportionnelle, sert d’éclaireur, il libère une opinion qui se cristallise ensuite. Depuis, le FN a construit des alliances avec les responsables au pouvoir en Hongrie, en Pologne, en Autriche, … Cette montée des extrêmes rend encore plus nécessaire un travail en commun des socio-démocrates.
Sommes-nous au bord du précipice ?
Nous avons accepté de croire à la mondialisation heureuse ; dans un premier temps elle a permis la croissance des pays émergents qui ont bénéficié des échanges internationaux. Les débats houleux liés au référendum de 2005 ont certainement constitué le premier signal d’une vague plus profonde. La crise qui a suivi en 2007-2008 a montré que la montée en puissance du capitalisme financier portait en elle-même les germes de la crise. Aujourd’hui, les fractures les plus fortes se manifestent dans les pays anglo-saxons, les plus financiarisés, ceux qui ont été incapables de maitriser les effets de cette financiarisation sur l’accroissement des inégalités. L’Europe a laissé les marchés s’autoréguler ; la social-démocratie a baissé la garde au lieu de résister à la financiarisation des échanges et de mettre en place des outils pour réguler la mondialisation, pour le juste échange.
Nous avons voulu promouvoir l’idée que la transition écologique permettrait de répondre au triple défi environnemental, économique et social auquel l’Europe est confrontée, de favoriser son indépendance et sa sobriété énergétique, et de l‘armer face aux enjeux géostratégiques qui bouleversent le monde. Force est de constater que cette conviction aujourd’hui ne suffit pas à convaincre les Européens des territoires ruraux ou des quartiers défavorisés, les laissés pour compte de l’ultra-libéralisme et de la mondialisation dite heureuse.
La bataille fiscale est une priorité « parce que le fiscal tient le social ». Aujourd’hui l’impôt sur les sociétés ne correspond plus au profit ou au chiffre d’affaires des entreprises. Quand la création de valeur liée au numérique échappe à l’impôt, il faut traiter de l’impact du numérique sur les bases fiscales. Les enjeux et conséquences de l’optimisation fiscale des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) sont au cœur de ce débat. C’est le moment de saisir les opportunités pour lutter contre la fraude fiscale (affaires Luxleaks, Panama papers) en défendant les lanceurs d’alerte et en s’appuyant sur l’engagement des sociétés civiles européennes.
Les règles en matière de commerce extérieur doivent être revues, comme la manière de négocier les traités de libre échange (CETA, TAFTA), -négociations plus transparentes, normes et préférences collectives respectées, services publics non menacés -, tant ils ont un impact direct sur chacun des acteurs économiques en Europe
La solidité de la zone Euro tient l’Europe debout, et constitue la première des priorités pour refonder l’Europe : travailler sur un projet politique commun, doter la zone Euro de capacité de décision propre et démocratique et d’un budget pour développer des stabilisateurs automatiques destinés à faire face aux crises (p. ex. une indemnité chômage minimum valable pour tous les pays de la zone Euro), développer l’investissement dans les pays de la zone, se donner les moyens d’une convergence économique entre les pays qui partagent la même monnaie. "Pour réformer la gouvernance économique dans la zone euro, il faut la même volonté politique que celle dont on a fait preuve pour réussir l'Union bancaire". Les deux années prévues pour négocier le Brexit doivent être mises à profit pour clarifier les relations entre les pays de la zone Euro et leurs relations avec les pays de l’UE qui aujourd’hui n’en font pas partie.
Mme Merkel, aux prises avec la question des surplus allemands, source de déséquilibre pour la zone Euro, et à des difficultés politiques intérieures, cherche à réorienter la politique européenne vers des problématiques de sécurité car c’est un thème qui peut unir les 27 États de l’Union après le Brexit.
Pourtant, la priorité, c’est l’achèvement de l’Union économique et monétaire, condition essentielle de l’avenir de l’Union européenne.
C’est bien aujourd’hui à ces enjeux et ces défis que nous sommes confrontés, revoir aussi la vidéo de Pervenche : https://www.youtube.com/watch?v=XzsAZiKYpm8)
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Débat animé par Michel Canet, Elisabeth Humbert-Dorfmüller, Catherine Cyrot
http://www.partisocialiste-sevres.org/ facebook.com/pSèvres
http://parti-socialiste92.fr/