Quel avenir après la crise sanitaire
La crise sanitaire a provoqué un choc d’une ampleur inédite sur la vie de milliards de personnes de par le monde. Impossible d’oublier le cortège des morts et des souffrances qu’a entrainé la propagation mondiale d’un virus, dont les risques ont dans un premier temps été minimisés, voire ignorés par la plupart des gouvernements, en premier lieu celui de la Chine d’où le virus est parti. La mise à l’arrêt d’une grande partie de la vie économique et sociale dans beaucoup de pays, si elle a permis d’endiguer la pandémie, a aussi considérablement fragilisé le tissu économique, fait exploser le chômage et la pauvreté, malgré les filets de sécurité déployés ici ou là, en France plutôt mieux qu’ailleurs.
Pourtant cette crise sanitaire donne des raisons d’espérer : elle a montré la capacité des sociétés à mobiliser le meilleur d’elles-mêmes pour surmonter la crise. Les soignants se sont mobilisés pour sauver des vies. Les premiers de tranchée ont assuré l’intendance, l’approvisionnement, le nettoyage, l’information, l’enseignement, et nous ont permis de continuer à vivre, à travailler, à étudier, même au ralenti.
La crise a rendu possible ce qui apparaissait encore impossible il y a quelques mois. Jamais depuis les années quatre-vingt n’avaient été reconnues dans notre pays l’urgence d’interrompre la réduction des capacités de l’hôpital public et la nécessité de mieux rémunérer les personnels soignants. Plusieurs semaines de grève n’avaient pu faire reculer le gouvernement dans sa volonté de mettre en oeuvre une réforme des retraites synonyme d’appauvrissement des retraités et porteuse d’aucune justice sociale. Et alors que, comme ses prédécesseurs, le gouvernement ne jurait depuis son installation que par le retour à l’équilibre budgétaire et la réduction de la dette, il a dû soudainement dépenser sans compter pour amortir le choc de la crise et éviter le naufrage.
Signal fort des changements d’orientation entraînés par la crise sanitaire, le plan de relance européen, récemment présenté par la Commission européenne, donne une raison d’espérer dans l’avenir politique de l’Europe. S’il était adopté - car il reste à convaincre plusieurs pays - il marquerait un tournant dans la mise en oeuvre d’une politique budgétaire européenne qui ne soit pas synonyme d’austérité pour les pays aidés mais de solidarité envers eux.
Tout cela reste bien sûr à consolider, alors que les économies sont toutes en récession. Il faudra être vigilant sur l’usage des moyens budgétaires de relance, dans notre pays et au niveau européen, pour qu’ils soient orientés prioritairement vers les investissements pour la transition écologique, l’éducation, la santé, et la réduction des inégalités.