Rapport sur l’égalité femmes-hommes au Conseil municipal du 14 mars 2024
Remarques de Frédéric Puzin, conseil municipal du 14 mars 2024
Le rapport annuel sur l’égalité hommes-femmes a été présenté au conseil municipal. Il y a plusieurs sujets dans le rapport, d’abord les services municipaux, le fonctionnement de la collectivité locale au niveau du genre. Et la « ville », dans son ensemble, tous ses habitant.e.s, elle-même.
Il s’agit de trouver des indicateurs concernant l’égalité hommes-femmes, certains sont d’une simplicité extrême, les rémunérations, l’avancement ; d’autres pourraient être plus insidieux comme les répartitions genrées des rapports hiérarchiques, combien d’hommes sont les supérieurs hiérarchiques directs de combien de femmes et le contraire ? Il y a beaucoup de chiffres, sévriens ou nationaux, dans un assez grand désordre sur 81 pages.
Il manque un constat de ce qui ne va pas car si on se réfère au document tout va bien sauf peut-être ces deux lignes glissées ingénument et qui ne font l’objet d’aucun réel développement : Hausses des violences sexuelles à Sèvres, 18,7% et une hausse de 57% des violences physiques sans but crapuleux.
Il y a une absence de prise en compte des déplacements majoritairement effectués par des femmes, elles sont presqu’exclusivement détentrices des poussettes et utilisant plus les transports en commun et la marche à pied et subissant les contraintes d’une voire dévolue aux automobiles, sans facilité pour le bus et des trottoirs dégradés. Il faut favoriser la conquête et l’appropriation de l’espace public par les femmes.
Il faut mener une politique éducative, travailler sur les représentations de genre dans les établissements scolaires etc. Eduquer à l’égalité et à la prévention des stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge, voilà des objectifs compréhensibles.
L’action municipale devrait ne pas se limiter à des calculs de représentation des genres mais à l’ensemble de l’action municipale marquée par le genre.
Les représentations d’artistes et personnalités femmes sont rares. Les sculpteurs et peintres de rues sont tous des hommes au point que Louise Labbé se nomme Louis Labbé au pied de Danton. Il y a 10 rues et quelles rues ! avec des noms de femmes pour 85 avec des noms d’hommes. Si les artistes, politiciens et scientifiques sont plébiscités chez les hommes on est dans la charité chez les femmes trois sont des bienfaitrices, Caroline Landon, Marie-Jeanne Guillaume, Marguerite Payen. Mme Jules Favre, nommée Julie Velten, qui a une vie en dehors de celle de son mari. Mme de Pompadour, Pierre et Marie Curie, Joseph et Germaine Bourroche, Jeanne d’Arc et Anne Amieux. On peut citer l’école Aimé et Eugénie Cotton, le mâle étant toujours cité en premier. La femme est vue en adjointe de son mari ou en éducatrice. La pauvre Olympe de Gouges n’a pour toute qualité sur le mur du collège que « guillotinée » quand pour Teresa, Mandela et Luther King on préfère insister sur leurs prix Nobel, Gandhi est « apôtre de la non-violence » on précise qu’Yvonne est « Juste » et pour Olympe c’est tout simplement « guillotinée 1793 ». Rien d’autre, comme si on avait précisé à la place du prix Nobel pour Martin Luther King « tué par balles 1968 » pour Gandhi, « tué par balles 1948 ».
« Femme de lettres, femme politique, féministe, assassinée pour cela par des hommes ». Voilà ce qu’on pourrait suggérer.
Et ça continue, les maires détiennent des jardins d’enfants Odic, Caillonneau, on frise le grand ridicule. Les portraits des maires passés dans la salle du conseil municipal avec tous les présidents de la Vème république participent à une surreprésentation masculine et accentue l’idée que la masculinité est la norme. 18 titres de livres qui subsistent sur l’escalier du square Caillonneau, un seul féminin et étranger : « Les dix petits nègres » d’Agatha Christie.
Il devrait y avoir une volonté politique à féminiser les noms de rue même en engageant des changements radicaux.
Le rapport municipal stigmatise les femmes en qualifiant leurs absences pour maladie d’« absentéisme ».
Le terme d’absentéisme est désastreux et insupportable : des critères très flous et même un taux dont on ne sait rien avec une mise en relation entre absences et douleurs au travail. Il faut une formation sur la communication non-violente, une formation sur les rapports hiérarchiques, formation historique et sociologique de ce qu’est la réalité des discriminations subies par les femmes et pas que, diversités visibles, en situation de handicap.
Les congés pour enfants malades n’apparaissent pas. Ils sont souvent à l’origine d’1/3 des absences du fait de la non-prise en charge systématique par les hommes mais aussi du fait du statut de fonctionnaire lorsque le conjoint est dans le privé. L’absence pour enfant malade est principalement prise par les femmes. Il y a aussi une répartition en fonction du statut hiérarchique.