Une nouvelle donne politique
Autant que le triomphe du «dégagisme», l’abstention record enregistrée lors des législatives traduit la profonde défiance des électeurs vis-à-vis des partis traditionnels et, de façon plus alarmante, vis-à-vis des institutions et de la démocratie représentative.
Première victime, le Parti socialiste ne compte plus que 29 députés dans la nouvelle assemblée contre 280 en 2012. De multiples causes sont à l’origine de cette déroute qui n’a pas épargné les autres partis de gouvernement, de gauche mais aussi de droite.
D’abord l’aspiration des Français à un profond renouvellement d’une classe politique usée par l’exercice du pouvoir. Comment expliquer autrement l’élection d’un président de la République quasi inconnu il y a deux ans et la majorité absolue obtenue à l’Assemblée nationale par La République en marche rassemblée derrière lui ?
Ensuite les profondes divisions du Parti socialiste, dont une direction hors sol n’a pas su maintenir l’unité, et qui ont fracturé la majorité à l’Assemblée nationale sous le quinquennat de François Hollande, ont également contribué à l’échec des candidats socialistes.
En premier lieu, à l’échec à l’élection présidentielle de Benoît Hamon, pourtant large vainqueur de la primaire, ensuite à l’échec de beaucoup des candidats restés fidèles aux valeurs du socialisme lors des législatives.
Le changement à l’Assemblée est réel : 212 députés sur 577 ne se sont pas présentés pour un nouveau mandat. Et 122 des députés sortants ne se sont pas qualifiés pour le second tour. La nouvelle assemblée sera composée d’élus plus jeunes et sera féminine à 39% (223 députées) contre 27% dans la précédente assemblée.
Pour autant la nouvelle assemblée reflète-t-elle la réalité sociale du pays ? La nouvelle majorité comporte certes davantage d’élus venant du secteur privé et moins de la fonction publique. Elle comprend aussi moins de professionnels de la vie publique, ce qui ne veut pas dire que tous les élus de La République en marche n’aient pas d’engagement partisan, loin de là.
De plus, l’abstention exceptionnellement élevée conduit à s’interroger sur l’assise démocratique de la nouvelle majorité présidentielle.
C’est au vu des premiers résultats à l’automne que les français pourront juger de l’efficacité du changement prôné par le président de la République.