Chroniques du Conseil municipal du 17 décembre 2020
Toujours au SEL, toujours masqués, on se retrouve pour la dernière séance du conseil municipal de Sèvres de l’année 2020. Quelques absents, le couvre-feu n’a pas incité le public à se déplacer.
Nous entamons par une minute de silence en mémoire de Samuel Paty, des victimes de l’attentat de Nice et de Valéry Giscard d’Estaing. L’ordre du jour est aussi morose que l’ambiance.
Nous passons de nombreuses délibérations pour exonérer les commerçants de taxes, nos locataires de loyers et indemniser certains prestataires. Nous nous abstenons prudemment sur une demande de subvention exceptionnelle de l’association du Collège Arménien (présidée par le fils de Patrick Devedjian), association qui nous paraît n’avoir que peu d’activités associatives et un budget plus que dans le rouge, pour réparer la clôture vers le parc Brimborion.
Nous votons des délibérations de subventions aux particuliers pour des opérations d’isolation ou de mise en œuvre d’énergie renouvelable. Petit souci lorsqu’on demande des détails sur les pompes à chaleur subventionnées : on ne sait pas, mais on va se renseigner et on nous expliquera tout, c’est promis.
Nous marquons notre incompréhension d’une politique de cadeaux de fin d’année bien chiche pour les séniors, alors qu’ils paient un lourd tribut au Covid et que beaucoup sont isolés. Ce n’était pas l’année à être si économe. La mairie propose des tarifs d’activité trop chers pour celles et ceux qui sont au minimum vieillesse. On nous dit que c’est aux services sociaux de compenser ou que si certains crient famine, la mairie leur fera un prix : la différence entre une politique sociale et la charité bien ordonnée…
A l’occasion d’une communication sur la transformation d’une partie du square Bonnefous en jardin partagé, nous nous étonnons de la coupe de quelques arbres. On va se renseigner bien sûr et on nous expliquera tout, c’est promis.
Nous nous attristons de la dissolution définitive de la Caisse des écoles, mise en sommeil depuis 3 ans, après que l’ensemble de ses activités furent remunicipalisées. Il est vrai que nous sommes nostalgiques de cette époque où des citoyens de tous bords et de toutes origines se mêlaient de solidarité.
La ville acquiert de gré à gré (850.000 euros hors frais divers) le fonds de commerce du Tabac de la Mairie, poursuivant ainsi le petit jeu de Monopoly en centre-ville. La station BP a été priée d’aller voir ailleurs et les démarches d’éviction sont en cours. A une question en commission sur l’évaluation par les Domaines du coût des murs du Tabac, on nous avait répondu que la ville ne disposait pas de l’information. Et là, en plein conseil, le maire indique avoir cette estimation, mais que le secret des affaires etc. Nous réclamons la communication des chiffres, on nous les promet sous réserve que nous les gardions pour nous. Nous nous abstenons, tant ces affaires nous paraissent empruntes de cachotteries diverses et variées. On rappelle gentiment que nous réclamons une séance pour faire le point du projet « centre-ville »…
« Ainsi s’éteint la liberté, sous une pluie d’applaudissements. » Padmé Amidala Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith
On allait s’endormir, un peu engourdis par le froid glacial régnant dans la salle (on vous rappelle que cet été on y crevait de chaud), lorsqu’arrive la délibération pour la mise en place de 3 nouvelles caméras de vidéosurveillance. Alors que la majorité présente la chose comme si de rien n’était, nous nous exprimons plus ou moins vivement pour dénoncer à nouveau l’utilisation des caméras, leur impact sur les libertés publiques, leur inefficacité et leur coût. Nous ne disposons d’aucune information sur le bilan des 21 caméras installées, sur les personnes habilitées à regarder les images etc. Le débat est assez houleux, mais il aura eu le mérite de nous réchauffer quelque peu.
Nous posons des questions sur le bilan financier de l’opération toute ratée de l’implantation d’une école Montessori dans des locaux municipaux (c’est pas qu’on avait prévu qu’il nous semblait que le public sévrien n’en serait pas fan…), sur les projets touchant l’école Croix-Bosset (après tout, oui, ça nous intéresse).
La majorité nous propose un vœu pour demander aux autorités compétentes de la rassurer sur l’utilisation des machines à voter lors des prochains scrutins des cantonales et des régionales. Nous ne souscrivons pas à cet entêtement.
La bonne nouvelle de ce conseil est l’annonce de la résolution des dossiers des travailleurs sans-papiers embauchés par notre prestataire de nettoyage : nous nous réjouissons qu’après plus d’un an de lutte toutes les personnes concernées se soient vu reconnaître leur qualité de salarié et aient reçu une promesse d’embauche leur permettant d’entamer des démarches de régularisation.
Il est plus de 21 h 30 lorsque le conseil s’achève, sans pot de fin d’année traditionnel.
La perle du conseil est attribuée par notre impartial jury à Pascal Giafferi, adjoint, qui lors du débat sur les caméras, nous a demandé de ne pas faire de leçon de morale alors que nous « votions comme un seul homme » tout le temps. Les trois femmes de notre groupe ont apprécié et puis, entre nous, nemo auditur propriam turpitudinem allegans.